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JeuxFC 2011 – Éric Larocque

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Non. Ce n’est pas le pointage. Éric Larocque n’a pas marqué de points. Il a, par contre, été de toutes les éditions des Jeux de la francophonie canadienne (JFC). Un record des Jeux et tout un exploit!

Choisi comme chef de mission adjoint de la délégation du Nouveau-Brunswick lors des Jeux de 1999 alors qu’il n’avait que 21 ans, Éric a par la suite été chef de mission lors des éditions subséquentes des Jeux. Désigné chef des chefs par ses homologues provinciaux des JFC de 2011, il explique ainsi son engagement renouvelé : « On revient aux Jeux parce qu’on aime ça, pour la fierté, pour le trip. On le fait  pour voir les sourires qui illuminent les visages des jeunes. On le fait aussi pour permettre à ceux-ci de se développer sur le plan identitaire. »

Éric souligne là un aspect unique des Jeux. En effet, les JFC ne représentent pas seulement un événement de saine compétition dans une variété de disciplines de l’un de trois volets – les sports, les arts et le leadership – ils demeurent avant tout un événement qui, aux trois ans, rassemble la jeunesse francophone des dix provinces et des trois territoires du pays.

« Ces Jeux permettent aux jeunes de se découvrir et de mieux cerner leur identité. Je pense aux jeunes artistes. On a entendu ici du punk acadien. Ça change du violon et du folklore. Remarquez que je n’ai rien contre. Mais une Acadie moderne est en train de naître, une Acadie qui s’inspire du passé pour entrer dans la modernité. Une Acadie où l’on ne survit plus mais où l’on vit. Ici, les jeunes ont du plaisir en français. Ils voient que le français est cool. Ce n’est pas une contrainte ni une obligation. »

Revenant sur le développement identitaire, Éric ajoute : « Je pense aussi que le fait d’entrer en contact avec d’autres jeunes francophones du Canada permet aux participants de découvrir les nuances qui caractérisent leur propre francophonie. Ils se rendent ainsi compte que bien qu’ils partagent une même langue, certains éléments culturels les distinguent les uns des autres. »

S’il y a un moment qu’Éric attend à chaque édition des Jeux, c’est le pep rallye du départ. C’est à ce moment-là que les jeunes délégués se rencontrent pour la première fois. Les liens se créent, les amitiés se forment. « Il y a une énergie incroyable! » Lors des derniers Jeux, qui se sont tenus en 2008, à Edmonton, en Alberta, la délégation néo-brunswickoise a remporté la palme. « C’est sûr que de remporter le drapeau ça fait un petit velours. Mais ce qui reste important pour moi, c’est que les jeunes donnent le meilleur d’eux-mêmes et, surtout, qu’ils aient du plaisir. »

D’une édition à l’autre des Jeux, Éric a été témoin de leur évolution. « En 1999, lors des Jeux de Memramcook, nous avions des installations de fortune. Deux semaines avant la date prévue de l’événement – qui s’est déroulé en marge du Sommet de la francophonie qui se tenait à Moncton cette année-là – les Jeux ont bien failli être annulés, faute de financement adéquat. À Rivière-du-Loup, c’était déjà mieux et ainsi de suite. Chaque édition a vu des améliorations et des innovations qui ont conduit à une professionnalisation des Jeux. »

Cet habitué des JFC confie que sa vision personnelle de la francophonie canadienne a changé au fil de ses participations. « Ça m’a permis de m’ouvrir. J’ai toujours été un Acadien convaincu, très fier, qui croyait à sa culture, à son identité. Rencontrer des francophones de partout au pays m’a ouvert les yeux à d’autres problématiques. Ça m’a aussi permis d’apprendre d’autres façons de solutionner certains problèmes que nous avions en commun. » Si l’on en croit cet engagé de la première heure, le plus grand legs des Jeux restera « de créer des jeunes qui comprennent la réalité et l’importance du fait français. »

Dans l’album-souvenir de sa mémoire, un moment ressort parmi tant d’autres : « C’était après les Jeux de 2008. Comme les JFC se tenaient à proximité des Rocheuses, nous avions projeté de nous y rendre. Mais à la fin, nous étions tous fatigués, brûlés, au point où il y avait une tension palpable dans l’air. Les jeunes chialaient et voulaient juste rentrer à la maison. Au bout de notre ascension au sommet d’un des monts, nous nous sommes tous assis. Il y a eu un moment magique, un moment d’immense émerveillement. Les jeunes, transformés, n’en finissaient pas de me remercier. C’était sans prix! »

Sera-t-il à Gatineau pour les Jeux de 2014? Il est trop tôt pour le dire. A-t-il d’autres projets? Énormément. Mais pour celui qui sera bientôt papa, la famille passera avant tout. Il aimerait bien s’engager dans les Jeux de la francophonie internationale (JFI) et il rêve d’accueillir à nouveau les JFC chez lui, en Acadie. Comme le laisse espérer cet air acadien connu : « Un jour, un jour peut-être… ».

Pauline A. Ouellette